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Des modèles de réussite pour la communauté haïtienne

Quatre professeurs de l'UdeS figurent dans un ouvrage consacré à des personnalités québécoises d'origine haïtienne qui ont fait leur marque

Trois des professeurs de l'UdeS présentés dans l'ouvrage Ces Québécois venus d'Haïti : Raymond Duperval, du Département de microbiologie et d'infectiologie, Pedro d'Orléans-Juste, du Département de pharmacologie, et Patrick Paultre, du Département de génie civil. L'ouvrage est publié aux Presses internationales polytechniques.
Trois des professeurs de l'UdeS présentés dans l'ouvrage Ces Québécois venus d'Haïti : Raymond Duperval, du Département de microbiologie et d'infectiologie, Pedro d'Orléans-Juste, du Département de pharmacologie, et Patrick Paultre, du Département de génie civil. L'ouvrage est publié aux Presses internationales polytechniques.
Photos : archives Liaison

16 août 2007

Johanne Leroux

Les professeurs Pedro d'Orléans-Juste et Raymond Duperval, de la Faculté de médecine et des sciences de la santé, Patrick Paultre, de la Faculté de génie, ainsi que le professeur retraité Jean Rheher comptent parmi une cinquantaine de personnalités québécoises d'origine haïtienne dont on dresse un portrait dans l'ouvrage Ces Québécois venus d'Haïti.

Ce livre présente des gens qui ont fait leur marque dans leur milieu et leur communauté dans divers domaines dont l'éducation, la santé, les sports ainsi que les affaires sociales et politiques. Signé par Samuel Pierre, professeur à l'École polytechnique de Montréal, l'ouvrage a été lancé en marge du 25e anniversaire de l'Association des ingénieurs et scientifiques haïtiano-canadiens. Nous avons rencontré deux professeurs qui ont collaboré au livre.

Image positive

Tout d'abord, il faut signaler la modestie des professeurs Pedro D'Orléans-Juste et Raymond Duperval. Ils mentionnent tous deux que les honneurs et la reconnaissance ne sont pas les raisons pour lesquelles ils acceptent de prêter leur nom à l'ouvrage de Samuel Pierre. Pourquoi donc accepter? «C'est pour deux raisons, indique Raymond Duperval. Pour contrer l'image négative que les médias projettent en général de cette communauté et pour le modèle de rôle. Il faut dire aux jeunes qu'ils ont de bonnes chances de réussir s'ils étudient bien et s'ils font les choses comme il le faut. Quand on parle d'Haïti ou des Haïtiens, on fait souvent référence au kidnapping, aux gang de rue, à la drogue, alors que je sais que des Haïtiens œuvrent dans la société québécoise dans tous les secteurs d'activité. Ils sont productifs et aident cette communauté à se développer. Mais on n'entend jamais parler d'eux.»

Se voir représenté dans les médias peut devenir un miroir déformant, et si la représentation de la communauté haïtienne dans les médias influence l'opinion de la société québécoise, elle a aussi une portée sur la façon dont la communauté se voit elle-même. Le professeur Duperval raconte : «L'émission de Pierre Maisonneuve à Radio-Canada m'avait invité à donner mon opinion sur un chirurgien mort du sida. Le lendemain, j'ai reçu deux ou trois courriels de personnes d'origine haïtienne. Ils me disaient à quel point ils étaient fiers de savoir qu'il y avait un médecin haïtien chef de département dans une faculté de médecine et qu'il était assez important pour que Radio-Canada lui demande son avis. Car il subsiste une croyance dans cette communauté que si on est d'origine haïtienne, on ne peut pas aller bien loin.»

Même son de cloche chez le professeur D'Orléans-Juste : «Le but sous-jacent de ce livre est de montrer à la communauté haïtienne que le travail acharné, et modeste, peut permettre à toute la communauté de bénéficier des usufruits de ce travail, soit par l'exemple ou par le mentorat. Ce n'est pas parce qu'on est né à Rosemont de père et mère haïtiens qui travaillent, par exemple, comme journaliers 70 heures par semaine, que les professions les plus prestigieuses ne nous sont pas ouvertes si on a le talent et la détermination.»

Le livre Ces Québécois venus d'Haïti répond donc à un besoin de présenter des modèles aux jeunes, en relatant la carrière de gens dont les réalisations sont impressionnantes dans plusieurs domaines. Parce que, comme l'indique Raymond Duperval : «Bien sûr, il y a Michaëlle Jean, mais ce n'est pas tout le monde qui peut être gouverneur général. On retrouve beaucoup d'Haïtiens dans d'autres secteurs importants comme la santé, l'éducation, l'économie et la formation professionnelle.»

Son collègue D'Orléans-Juste ajoute que les personnes qui figurent dans le livre peuvent devenir des modèles non seulement pour la communauté haïtienne, mais aussi pour les autres communautés minoritaires. «Si une seule personne de famille défavorisée y trouve l'inspiration et le courage pour essayer d'avancer, je pense que ce livre aura atteint l'un de ses principaux objectifs», dit-il.

Liens avec Haïti

On célèbre par cet ouvrage les liens avec le Québec. Mais quels sont-ils, dans tout ça? «Je pense que le fait de venir d'un pays qui est encore ravagé par des problèmes sociaux fait mal à une communauté haïtienne hors Haïti, et même à leurs enfants nés au Québec, commente Pedro D'Orléans-Juste. Il y a une certaine déception d'avoir pu accumuler ici des connaissances, des choses intéressantes qui bénéficient à la communauté haïtienne et québécoise, et de ne pas pouvoir en faire profiter à un pays qui est à rebâtir au complet. C'est un élément de frustration.»

Raymond Duperval en a fait l'expérience. Il y a une dizaine d'années, il s'est rendu dans son pays d'origine pour offrir son expertise, mais il n'y avait pas d'infrastructure. Les demandes faites au gouvernement traînent, et rien ne bouge. En plus, il y a le danger constant de se faire kidnapper ou tuer. Les gens de l'extérieur ne peuvent pas à eux seuls rétablir l'ordre à Haïti. «Ce que je souhaite, c'est que les choses s'améliorent afin que nous puissions mieux les aider. Quand cela va-t-il arriver? Nous l'ignorons. Mais, c'est le souhait de tout le monde», conclut-il.